Nous voici à nouveau loin des Andes, et tout près de l'océan Atlantique. Le paysage change : plus de montagne et d'énormes étendues d'eau, mais des kilomètres et des kilomètres de terre aride où les forêts d'araucarias on laissé place à la steppe de Patagonie.
Les villes qu'on retrouve ici ont été créées par des immigrants du pays de Gales qui s'installèrent dans la vallée fertile de la rivière Chubut dans la deuxième moitié du 19ème siècle. La culture du pays d'origine est d'ailleurs très présente encore : des maisons en brique avec des portes en bois, des jardins verts et fleuris, des associations et des écoles de musique traditionnelle galloise, des maisons de thé. D'ailleurs, les argentins descendants de ces premiers colons, même ceux issus de mariages mixtes, parlent toujours de leurs ancêtres. Se promener dans le petit village de Gaiman, proche de Trelew, en repérant les similitudes avec le Royaume Uni, entendre deux jeunes mères avec leurs poussettes parler en gallois, et déguster un « five o'clock tea » avec une sélection de gâteaux typiques dans une de maisons de thé du village est une expérience pour le moins dépaysante (en plus, les gâteaux sont très bons, miam, miam).
Mais comme on avait laissé entrevoir dans notre dernier billet, nous ne sommes pas venus là pour le thé et les gâteaux (pour cela nous serions allés au Maroc). Ce sont les animaux qu'on peut voir en pleine nature dans la Péninsule Valdés et dans les autres réserves naturelles du coin qui nous ont amené ici. Néanmoins, les distances sont élevées (on a fait 900 km en deux jours pour parcourir l'ensemble de réserves) et comme on ne voulait pas être dépendants des excursions organisées, on a loué une voiture … ça a fait plaisir de conduire un peu.
Il y en avait pour tous les goûts : des guanacos (un camélidé de la même famille que les lamas, les vigones et les alpagas), des nandous (une espèce d'autruche), des cuis (des tout petits lapins agiles dont j'ai mangé le grand cousin au Pérou), des lions et d'éléphants de mer (les plus gros mâles atteignent les 2500 kilos), des flamands roses et plein d'autres oiseaux dont je ne me rappelle plus le nom.
Néanmoins, les reines du show sont les baleines. A cette époque, elles viennent ici se reproduire et élever leurs petits. On peut les voir juste en se promenant sur la plage de Puerto Piramides, mais nous avons pris quand même l'excursion en bateau qui fait une agréable promenade. On les voit de beaucoup plus près ici et sans les déranger, contrairement à Puerto Lopez en Equateur où nous avions eu un peu l'impression d'aller à la chasse aux baleines. Seul les orques manquent à notre tableau de chasse. Normalement, ils viennent chasser les bébés des lions de mer, mais c'est à une autre époque de l'année (Faudra donc revenir :)).
On a pris un autre bateau pour aller regarder les 'toninas'. Cet un petit dauphin noir et blanc très curieux qui se rapproche de l'embarcation dès qu'il entend le bruit du moteur. Et il s'amuse à lui faire la course, en nageant à toute vitesse collé à la proue, comme les gens qui courent devant les taureaux à Pampelune. Mais pas de risque ici, dès qu'il en a marre, un petit coup de queue, et plouf, il sème le bateau sans le moindre problème.
Et pour conclure, on a visité une énorme colonie de pingouins. A cette époque mari et femme se se relayent : un couve les œufs tandis que l'autre part se nourrir dans la mer. C'est trop mignon de les voir marcher en petits groupes, s'étirer, se gratter le ventre … mais on est un peu dégouttes, car malgré tous nous efforts, on a pas réussi à retrouver le commando du film Madagascar.
Mais le plus magique, c'était de voir tous ces d'adultes (nous inclus) retomber dans la l'enfance, complètement charmés et enthousiasmés, les yeux brillant et avec des sourires d'oreille à oreille à la simple vue d'une baleine, des dauphins et des pingouins : « Regarde !, regarde !, regarde ! », « Olé ! », « Olé! ». Moi, en tout cas, je peux vous dire que je me suis amusée plus qu'à Eurodisney.
La plupart de gens qui visitent la région restent dormir plutôt à Puerto Madryn, la ville la plus touristique du coin (soi-disant la plus jolie et en bord de mer). Mais nous sommes restés à Trelew pour visiter le musée paléontologique de la ville. Les traces de pas qu'on a vu au parc crétacé de Sucre ont réveillé ma curiosité et du coup j'avais envie de voir aussi les os. J'étais gâtée, car le musée compte plein de fossiles des dinosaures, des mammifères, des reptiles, des poissons et des plantes qui occupèrent la Patagonie bien avant que Karim et moi décidions de nous y balader. Je me suis sentie petite comme une fourmi en me plaçant à côté d'os des pattes du plus grand 'dino' qui a habité l'Amérique du Sud.
Et après ces quelques jours à observer la vie animale dans toutes ces formes, nous voici repartis en direction d'El Calafate, où nous attend le glacier Perito Moreno ainsi que quelques randonnées au pied du mont Fitz Roy mais aussi dans le parc de Torres del Paine, au sud de la Patagonie chilienne.
Bea